Le centre d’appels attaque le droit de grève sans succès
Article mis en ligne le 3 mai 2018

par Sud PTT 37

L’article du 3 mai 2018 de "La Nouvelle République".

Armatis-LC a demandé à la justice d’interdire au syndicat Sud la poursuite de son mouvement de grève à Tauxigny. La société a été déboutée.

La SAS LC France, société du groupe Armatis-LC spécialisée dans les centres d’appels basée notamment à Tauxigny et Poitiers Futuroscope, a attaqué en justice le syndicat Sud sur ses modalités de grève. Dans cette affaire instruite au tribunal de grande instance de Paris, la société attendait de la justice d’« ordonner » à Sud « de faire cesser » la grève initiée en 2017. Elle dénonce un « abus du droit de grève constitutif d’un trouble manifestement illicite, du fait des arrêts de travail inopinés de courte durée, à la convenance personnelle de salariés ».

Selon LC France, ce mouvement social « qui s’apparente à une grève perlée » aurait pour objectif de nuire au contrat passé avec son principal client EDF, qui a assuré 54 % de son chiffre d’affaires en 2017. LC France estime que 92,8 % des heures de grève ont « affecté » ce client précis. Le marché avec EDF doit faire l’objet d’un renouvellement, pour cinq ans, au plus tard le 1er juin 2018.

Une liste de salariés grévistes Sud a durci le bras de fer engagé avec la direction le 3 mars dernier, avec une grève en continu chaque jour (lire en repères). LC France a demandé à la justice de condamner le syndicat d’une « astreinte de 10.500 € par jour de retard à compter du prononcé de décision à venir ».

Le 20 avril, le juge des référés a débouté la SAS LC France de l’ensemble de ses demandes. Il a rappelé à l’ordre la direction en lui enjoignant « de cesser d’établir des listes de salariés grévistes ».

Pour Sud, c’est une bataille judiciaire remportée, mais le syndicat ne porte pas son combat sur ce terrain. Les grévistes demandent une augmentation générale des salaires, des primes et de participation pour toutes les catégories socioprofessionnelles, un 13e mois, 5 minutes de pause par heure travaillée, un ticket restaurant à 7,50 € (5 € actuellement)…

Selon des syndicalistes en poste depuis 8 ans en Touraine, le Smic resterait la norme, sans évolution de carrière possible, les primes mensuelles seraient comprises entre de 20 à 40 € en fonction des objectifs atteints, la prime de participation entre 9 € et 16 € par an.

La direction a adressé une note d’information à ses salariés, le jour même du jugement, exprimant sa « stupéfaction » par rapport à la décision du tribunal. Elle dit étudier avec ses avocats « toutes les voies de recours collectives ou individuelles ». Pour Sud, cette note s’apparente à une forme de pression sur chaque salarié et la centaine de grévistes.
repères

Un an de grève. La grève initiée par Sud a débuté le 5 avril 2017 par des arrêts de travail chaque samedi et lundi de 7 h 45 à 10 h et chaque mercredi de 17 h à minuit. Puis au 8 juin 2017, chaque lundi et samedi et chaque mercredi de 17 h à 20 h puis de 15 h à 20 h. Au 1er février 2018, la grève se déroulait chaque lundi et samedi et le mercredi de 12 h à 20 h. Depuis le 3 mars dernier, elle est reconduite chaque jour. C’est en partie pourquoi l’argument de LC France concernant un éventuel ciblage de l’action syndicale envers EDF n’a pas été retenu.

En Touraine et dans la Vienne. LC France emploie environ 2.800 salariés sur cinq sites : à Tauxigny (820 salariés environ, Indre-et-Loire), à Futuroscope Poitiers (1.200 environ, Vienne), à Bordeaux (Gironde), Roanne (Loire) et Villeneuve-d’Ascq (Nord).