Une centaine de salarié-e-s en grève reconductible à Tauxigny (à l’appel de SUD-PTT 36-37) et en rassemblement devant l’entreprise..
Ci dessous, les articles de "La Nouvelle République" du 26 et du 27 mars 2018 :
Grève chez le plus gros employeur du Lochois
Ce matin, le piquet de grève fera son apparition près de l’entrée du centre d’appel Armatis-LC (ex-Laser contact), à Tauxigny. Au cœur de la mobilisation, la négociation annuelle obligatoire sur les salaires conduite au plan national. « Cela fait sept ans que les salaires sont gelés », expliquent Magalie Monsterlet, Sandrine Couplet et Damien Rosembly, tous chargés de clientèle et syndicalistes chez Sud. C’est leur syndicat, fort de ses 35 % au sein du comité d’entreprise, qui est le fer de lance du mouvement engagé… en avril 2017. « En moyenne, au plan national, on compte 40 % de grévistes », assurent-ils.
Après une interruption de trois semaines, la lutte reprend. Sud a décidé de la rendre publique : « L’ambiance qui règne, ce n’est pas humain. Si les salaires suivaient au moins… », souligne Damien Rosembly. La nécessaire hausse des rémunérations figure d’ailleurs parmi les « points importants à améliorer », selon les conclusions d’un rapport réalisé en 2016 par le cabinet indépendant Sécafi au sein d’Armatis-LC France.
“ Mal-être ” L’audit indépendant pointe également un taux de turnover de 15 %, certes en dessous de la moyenne constatée dans les centres d’appel (20 %) mais restant néanmoins « élevé et fluctuant ». Selon cette étude, ce taux de turnover a atteint 23,4 % sur le site de Tauxigny en 2016. Le taux d’absentéisme pour maladie s’élève, au plan national chez Armatis-LC, à 14,35 % : un taux « dans la norme » pour ce secteur d’activité, mais « très élevé ». A Tauxigny, il est plus fort encore, avec 15,07 %. « On voit que l’entreprise a fait quelques efforts, mais ils ne veulent pas reconnaître qu’il y a un mal-être », concluent les trois syndicalistes.
Au-delà de lundi, Sud appelle à la grève, reconductible chaque jour. Sur la zone d’activité du Node Park, à Tauxigny, Armatis-LC est le plus gros employeur du Lochois, avec plus de 800 salariés.
Au centre d’appels, la grève, pour inverser " la pression"
Près de cent personnes se sont retrouvées lundi matin sur le piquet de grève organisé à l’entrée du centre d’appels Armatis-LC, à Tauxigny.
© Photo NR
Les salariés du centre d’appels Armatis, à Tauxigny, sont en grève. Ils font part de revendications salariales mais aussi d’une grande souffrance au travail.
Les salariés du centre d’appels Armatis, à Tauxigny, sont en grève. Ils font part de revendications salariales mais aussi d’une grande souffrance au travail.
Autour du café chaud, les langues se délient. Entre collègues, on compare ses conditions de travail, selon que l’on est conseiller clientèle pour EDF « pro », EDF « particuliers », Nespresso… A l’appel de Sud, premier syndicat au comité d’entreprise, près de cent personnes se sont retrouvées lundi matin sur le piquet de grève organisé à l’entrée du centre d’appels Armatis-LC sur la zone du Node Park, à Tauxigny. Avec plus de 800 salariés, l’entreprise (ex-Laser Contact) est le principal employeur du Lochois.
“ Lexomil et Xanax sont nos meilleurs amis ! ” « Cela fait huit ans que je suis là et je n’ai jamais été augmentée », confie une conseillère clientèle EDF particuliers. Parmi les revendications financières exprimées par les salariés rencontrés par la NR, figure également la revalorisation des Tickets-Restaurants (5 euros).
Rapidement, les griefs glissent sur le terrain du management. « On a une charte de savoir-vivre. Mais les supérieurs nous parlent comme à des chiens », déplore une conseillère clientèle pour le compte de Nespresso. « Depuis le rachat [par Armatis en 2012], la situation s’est dégradée. On travaille pendant 7 h 30 et on a le droit à deux pauses de dix minutes. Et attention : si on doit faire une pause pipi, c’est sur notre temps de pause officiel. Pas en dehors », reprend notre première interlocutrice. Des salariés pointent la formation jugée insuffisante pour les nouveaux embauchés. Les heures supplémentaires seraient également annoncées au dernier moment : « On n’a plus de vie. »
“ Fliqués en permanence ” « On subit une forte pression, que l’on soit conseiller clientèle ou superviseur », commente une femme superviseure. « On est fliqués en permanence », renchérit une conseillère clientèle pour la BNP. Conséquence, selon plusieurs salariés rencontrés par la NR sur place : le recours fréquent aux antidépresseurs. « Lexomil et Xanax sont nos meilleurs amis ! », lâche, avec une ironie amère, une conseillère clientèle.
« On nous dit qu’il ne faut pas assimiler les personnes que l’on a au téléphone à des numéros clients, regrette une conseillère clientèle pour EDF particuliers. Mais nous, on est traités comme des matricules. Les chefs ne nous disent même pas bonjour. On est robotisés ! »
La NR a contacté par mail la direction de la communication d’Armatis pour donner la parole à la hiérarchie. Sans obtenir de réponse.